Votre cerveau fait son marché


QUOI

Aujourd’hui, vous allez faire vos courses. Vous savez ce que vous allez acheter.
Aujourd’hui, vous allez faire vos courses. Ils savent ce qu’ils vont vous vendre !

POURQUOI

De fait, si les entreprises, d’une manière générale, cherchent à vous vendre un service ou un bien, on peut penser que, d’une certaine manière, elles vous sont utiles, à savoir qu’elles vous « rendent service » ou vous « donnent » un objet qui répond à l’un de vos besoins et que vous n’auriez pas pu acquérir par vos propres moyens (ou avec un coût en temps très important). Il vous paraît donc normal de les payer en retour. Il s’agit d’un juste échange. Et on connaît par ailleurs tous les bienfaits du petit commerce local en terme de tissus social, un bon commerçant étant avant tout quelqu’un qui a un bon contact humain avec ses clients, qui cherche effectivement à répondre à leur besoin, et ce pas forcément dans une logique marchande : l’efficacité de son commerce n’est finalement qu’un effet de bord de son altruisme naturel.

Dans ce contexte est apparu ce que l’on appelle le « marketing » (littéralement « mettre sur le marché », soit « rendre vendable »), discipline dont l’objectif pratique est d’optimiser la vente des produits ou des services d’une entreprise. La discipline se découpe en deux sous-domaine : analyser les besoins des clients potentiels dans un premier temps, puis réussir à leur vendre le produit ou le service de l’entreprise censé répondre à ce besoin dans un second temps.

Les dernières évolutions du marketing sont ce que l’on appelle le neuro-marketing. Ce terme a été inventé par le chercheur en neurosciences Read Montague. Il désigne l’application au marketing des connaissances acquises dans le domaine des neurosciences. Brièvement, le neuro-marketing ne cherche pas à vendre des produits à votre personne, mais à votre cerveau.

COMMENT

On sait effectivement de nos jours que la perception que nous avons du monde tient plus de la construction cérébrale que d’une connaissance directe acquise à travers nos sens. A titre d’exemple, nous savons que sur les dix connections reliant l’œil au cerveau, neuf sont dédiées à l’envoi d’informations à l’œil par le cerveau, quand une seule fait remonter les informations de l’œil vers le cerveau1.

Mais si le client, ce n’est plus votre personne, mais votre cerveau. Qu’est-ce que cela signifie ? Beaucoup de choses… Si l’on s’en remet aux deux sous-domaines du marketing définis plus haut, le neuro-marketing cherche à identifier les besoins de votre cerveau d’une part, puis à lui vendre ensuite les services ou produits de l’entreprise. Les besoins de votre cerveau sont définis scientifiquement, plus en vous concertant pour savoir comment vous vivez, mais en vous catégorisant (âge, sexe, appartenances sociales…) puis à y répondre par le « packaging » du produit ou du service. En gros, dans le neuro-marketing, votre besoin réel disparaît complètement, et ce n’est pas quelque chose de concret que l’on vous vend, mais une image travaillée pour votre cerveau.

Le marketing en soi n’est qu’un outil, ni bon ni mauvais. Il peut vous faire découvrir intelligemment un très bon produit (qui peut vraiment améliorer votre vie) ou vous pousser à acheter de la merde (matériel addictif, dangereux, etc). La question éthique se situe après l’acte marketing.

QU’EST-CE QU’ON PEUT EN FAIRE

A titre d’exemple, Read Montague et son équipe ont montré dans une de leurs études que si, en blind test, les consommateurs préféraient le Pepsi au Coca, ces derniers préféraient, en test avec vu, consommer du Coca2. Toute la puissance du neuro-marketing est ici illustrée.

Bref, puisqu’on a tendance à dire que votre pire ennemi, c’est vous-même, interrogez-vous bien sur le besoin réel de ce que vous achetez plutôt que de laisser votre cerveau le faire à votre place !

Aujourd’hui, vous allez faire vos courses. Ils savent ce qu’ils vont vous vendre. Aujourd’hui, vous allez faire vos courses. Vous savez ce que vous allez acheter !

Notes

1■ Idriss Aberkane, « Libérez votre cerveau », Ed. Robert Laffont, 2017, p.67.

2■ The Guardian 29 juin 2004

 

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Votre environnement vous rend stupide


 

QUOI

Bonjour, bonjour ! J’ai plein de produits différents à vous proposer aujourd’hui : des produits cosmétiques, de la peinture, des boîtes de conserve, des meubles, des jouets en plastique… Et le point commun entre tous ces objets, c’est…? Qu’ils contiennent des perturbateurs endocriniens1.

POURQUOI

Les perturbateurs endocriniens, présents massivement dans notre environnement immédiat, ont non seulement un effet sur notre santé physique, mais aussi sur notre santé mentale. Et sur la société.

On a tous déjà entendu ce terme, on sait tous que ces produits sont nocifs pour l’homme, que l’homme les synthétise en grande quantité et qu’ils sont en conséquence présents en grande quantité dans notre environnement. Mais on entend moins souvent parler des conséquences sanitaires désastreuses, à l’échelle sociétale, de cet état de fait. Bien qu’il ne soit pas nécessaire d’être génial pour comprendre que des produits toxiques présents en grande concentration dans l’environnement de tout un chacun aient une influence sur la santé globale de la population, on a quand même tendance à se dire que la maladie est un cas particulier, à l’échelle de l’individu, que c’est un accident. Ceci pour la simple raison qu’il en a toujours été ainsi dans la nature ! On a du mal à réaliser que la maladie puisse devenir la norme. Et pourtant, dans un tel contexte : comment pourrait-il en être autrement ?

J’ai récemment lu un article2 dont l’approche m’a intéressé : déjà parce qu’il traitait des conséquences globales, sociétales, des perturbateurs endocriniens, plus que de leurs effets sur l’organisme humain individuel, mais aussi parce qu’il en chiffrait le coût… financier (!) pour la société. C’est le double effet kiss cool des perturbateurs endocriniens. Ainsi, la boucle est bouclée : à un certain moment, l’écologie rejoint la finance. Une solution industrielle détruisant l’homme (et la nature) finit forcément par nuire à la chose même qu’elle défend (le profit financier). Quelle peut être cette solution dont le résultat est contre-productif même vis-à-vis du seul objectif qu’elle est censée atteindre, au détriment de toutes les autres composantes du problème, sinon une mauvaise?

COMMENT

Rentrons dans le coeur du sujet : en mars 2015, une équipe de chercheurs menée par Leonardo Trasande, de la New York University School of Medicine montre que le coût annuel des conséquences des perturbateurs endocriniens s’élève, à l’échelle de l’Union Européenne, à 157 milliards d’euros (soit 1,28% du PIB). Leurs résultats sont publiés sur le site du “Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism”. Ces coûts sont imputés aux moyens affectés pour prendre en charge la population affectée par ces produits, dont les conséquences sont, en vrac : des cas de retard intellectuel infantile, d’autisme, de troubles de déficit de l’attention (TDAH) pour les conséquences intellectuelles, et de diabète, d’obésité et… d’aide à la procréation pour les hommes infertiles (certains perturbateurs endocriniens ont des effets reprotoxiques) pour les conséquences physiques3.

QU’EST-CE QU’ON PEUT EN FAIRE

Le résultat de tout ça, c’est qu’il vous est donc recommandé de faire attention à ce que vous achetez, depuis les produits dont vous vous tartinez le corps (gels douches, cosmétiques…) jusqu’à vos aliments et leur conditionnement. Donc, lisez les compositions des produits que vous achetez et utilisez, cela pour le bien de votre corps, de votre esprit… et de la société!

Pour aller plus loin / Lien(s) utile(s)

Téléchargez gratuitement et instantanément un dossier complet ici.

♦ Livre “Perturbateurs endocriniens: Une bombe à retardement pour nos enfants“, Isabelle Doumenc, Ed. Larousse, 2017.

♦ Livre “Perturbateurs endocriniens : ils sont partout ! Comment les éviter pour préserver sa santé“, Valérie Foussier, Ed. Josette Lyon, 2017.

Notes

 1■ Site cancer-environnement.fr

2■ Le journal de l’environnement

3■ Le journal de l’environnement

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Dépression : et si c’était la thyroïde ?

 

Article paru dans « Alternative Santé »

 

 

« La dépression n’est pas une maladie », explique le Dr Brogan, psychiatre et praticienne en médecine holistique intégrative à New York. « C’est le signe d’un déséquilibre dans l’organisme, qui doit simplement être rétabli. » La vraie cause physiologique sous-jacente de la dépression, du malaise, de l’anxiété, de la baisse de libido et de la fatigue d’une femme est loin de se situer uniquement dans le cerveau. Bien souvent, la cause exacte est non diagnostiquée et non traitée : seul le symptôme est masqué, souvent à grands coups d’antidépresseurs.

Le neurologue Joseph Coyle par exemple, de la Harvard Medical School, déclarait en 2014 : « Le déséquilibre chimique est une sorte de pensée du siècle dernier. C’est beaucoup plus compliqué que ça. Ce n’est pas parce ces symptômes ont été causés par un problème d’ordre chimique, que le médicament est capable de le corriger. » L’auteur ajoute, sarcastique : « L’aspirine atténue les maux de tête, mais les maux de tête ne sont pas causés par une déficience en aspirine. »

Transhumanisme à Paris La Villette

Des spécimens qu’on pourrait bientôt croiser dans la rue…

Liviu Babitz – La Villette 06/2017 – L BEAUDONNET / 20 MINUTES

 

« Liviu Babitz a inventé le north sense, un implant accroché sur le torse qui permet de percevoir le nord par petites vibrations. Ce n’est pas un instrument pour l’orientation, mais un sens qui permet de percevoir le nord qu’on le veuille ou non, de la même manière qu’on ne décide pas d’entendre le monde qui nous entoure, ou qu’on ne retire pas ses yeux après avoir regardé un film. On ne choisit pas quand le north sense nous donne une information. Plus de 250 personnes se sont greffées ce nouveau sens et il s’apprête à en créer de nouveaux. ».

Notre avis : triste, comme tous les fantasmes transhumanistes. Mais essayons d’en rire : c’est petit et ça vibre, y’en a qui ont dû avoir l’idée de se le greffer ailleurs…

 

Citer ou ne pas citer…

 

…telle est la question !

 

Beaucoup de (jolies) citations circulent sur les réseaux; nombreuses sont soit inexactes soit attribuées à la mauvaise personne.

D’un côté, c’est gênant si on veut être rigoureux.

De l’autre, le contexte de ce partage de citations inspirantes fait que ce n’est en fait pas si grave : on cherche de bons mots pour se faire plaisir. Une phrase a-t-elle besoin d’être prononcée par quelqu’un de connu pour être cool ?

Bref, concernant celle-ci-dessus, quelqu’un a retrouvé l’inspiration d’origine qui ne vient pas de Shakespeare, mais de William A. Ward (1921-1994) :

Before You (by William Arthur Ward)

Before you speak, listen. Before you write, think. Before you spend, earn. Before you invest, investigate. Before you criticize, wait. Before you pray, forgive. Before you quit, try. Before you retire, save. Before you die, give.

 

 

Vous avez dit reCAPTCHA ?


QUOI

Saviez-vous que vous contribuez à la numérisation d’ouvrages anciens en vous connectant sur les sites web ?

POURQUOI

J’ai eu envie d’écrire cet article pour vous montrer que même les opérations informatiques quotidiennes et insignifiantes ne sont en fait pas insignifiantes… Vous avez sans doute déjà entendu le terme “CAPTCHA”. Celui-ci signifie “Completely Automated Public Turing test to tell Computers and Humans Apart” (soit “Test de Turing totalement automatisé pour distinguer les humains des machines” en Français). Vous savez, il s’agit d’un moyen pour authentifier, lorsque vous vous connectez sur un site, que vous êtes un humain, et non un robot (et donc d’éviter le spamming, le téléchargement massif de données qui affaiblirait le débit pour les autres utilisateurs, etc.).

L’idée du reCAPTCHA1 est d’utiliser l’authentification humaine sur les sites via la technologie du CAPTCHA pour répondre à un besoin qui n’a à première vue rien à voir, à savoir : OCRiser des livres anciens !!! (OCR pour “Optical Character Recognition” signifie la traduction en caractères “numériques” (ex : jeu de caractères UTF-8) de caractères imprimés sur papier ou numérisés en tant qu’image). En clair : transformer un vieux papier endommagé (et peut-être même écrit à la main) en un fichier informatique.

Effectivement, numériser les fonds anciens présente de nombreux avantages culturels (tout le monde peut accéder simultanément au même ouvrage quand bien même celui-ci n’existe qu’en un unique exemplaire papier, et la consultation de cet ouvrage ne le détériore pas…) et de ce fait, des opérations de numérisation de masse ont été entreprises depuis le début des années 2000.

Cependant, pour les fonds anciens, l’OCRisation automatique est compliquée : de fait les machines ont du mal à reconnaître les caractères imprimés, car ceux-ci ne sont pas réguliers (du fait de la détérioration du papier et de l’encre avec le temps)… un peu comme dans un CAPTCHA…

COMMENT

Côté utilisateur, les captchas se présentent souvent sous la forme d’une image contenant une série de caractères alphanumériques légèrement distordus, d’un champ texte dans lequel le visiteur du site doit taper la série de caractères présente dans l’image et d’un bouton permettant de valider la saisie manuelle de l’utilisateur. Sur l’image, les caractères sont suffisamment peu distordus pour permettre à un être humain de reconnaître ceux-ci, mais le sont suffisamment pour ne pas l’être par une machine. Côté administrateur du site, l’image est liée à sa version textuelle (l’information est enregistrée dans une base de données), et lorsqu’elle est soumise à l’utilisateur, le site compare la réponse de celui-ci avec la version textuelle en mémoire du CAPTCHA : si la comparaison est satisfaisante, le site autorise l’humain à s’y connecter; dans le cas contraire, un nouveau CAPTCHA est soumis à l’utilisateur.

L’idée de reCAPTCHA est somme toute d’une simplicité enfantine : faire traduire les fonds anciens… par les humains !!! lorsqu’ils s’authentifient en tant qu’êtres humains pour se connecter sur les sites web !!!

L’idée est rendue possible par le nombre très importants de sites web utilisant des CAPTCHAs et donc du nombre très important d’authentifications humaines quotidiennes, qui permet, littéralement, de traduire les fonds anciens mot à mot. Le mécanisme est le suivant : un reCAPTCHA est composé de deux mots : le premier est un CAPTCHA classique, permettant de savoir si l’entité faisant le test est humain ou non (il l’est s’il arrive à résoudre le CAPTCHA), le deuxième est l’image d’un mot tiré d’un livre ancien. Si l’entité a réussi à traduire le premier mot, elle est habilitée à se connecter au site, et la traduction qu’elle donne du deuxième mot est conservée en mémoire. Si plusieurs “humains” traduisent la même image de livre ancien de la même manière, leur traduction est “validée” et la numérisation du livre a avancé2.


CE QU’ON PEUT EN FAIRE

De cette manière, sur la seule année 2009, 20 ans d’archives du New York Times ont été numérisés3 avec une fiabilité supérieure à 99%.1

Voilà un bel exemple de collaboration homme-machine !

NOTES

1■ Luis von Ahn, Ben Maurer, Colin McMillen, David Abraham et Manuel Blum, « reCAPTCHA: Human-Based Character Recognition via Web Security Measures », Science, vol. 321, no 5895,‎ 12 septembre 2008, p. 1465-1468 [Article du journal Science sur reCAPTCHA]

2■ Journal du Geek

3■ ReCAPTCHA sur Wikipedia

 

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