L’usage d’un troisième pouce, robotique, peut avoir un impact léger sur l’expression cérébrale de la main, d’après les conclusions de cette étude.
Travail de l’University College London (ULC) : expérience dont les résultats ont été publiés le 19 mai 2021 dans Science Robotics.
Les volontaires devaient porter le troisième pouce pendant deux à six heures par jour, y compris chez eux, afin de le mobiliser pour des activités de vie quotidienne. Comme éplucher une banane, par exemple. L’entrainement en laboratoire consiste quant à lui à apprendre à coordonner le troisième pouce avec le reste de la main dans des activités réclamant de la dextérité — ramasser plusieurs balles, construire une tour avec des cubes en bois tout en ayant les yeux bandés, etc.
« L’évolution ne nous a pas préparés à utiliser une partie supplémentaire du corps, et nous avons découvert que, pour étendre nos capacités de manière nouvelle et inattendue, le cerveau devra adapter la représentation du corps biologique », expliquent les neuroscientifiques.
Elon Musk a enfin levé le voile sur les projets de sa mystérieuse société Neuralink. La start-up lancée en 2016 a développé un implant cérébral capable de de relier le cerveau à un ordinateur. Le dispositif a pour objectif de permettre aux personnes paralysées de contrôler leurs machines avec la pensée.
L’implant aurait déjà été testé avec succès sur des rats. Elon Musk également confié qu’un singe avait été capable de contrôler un ordinateur avec son cerveau. Il a également annoncé que les premiers tests sur humains auraient lieu début 2020. Neuralink devra cependant d’abord obtenir des autorisations de la Food and Drugs Administration, l’autorité qui régule les dispositifs médicaux aux USA.
Nous arrivons désormais à piloter une libellule vivante en connectant sur son système nerveux un dispositif électronique qu’elle embarque avec elle.
POURQUOI
Je suis tombé il y a quelques temps sur un article1 qui m’avait marqué. Je m’étais dit alors : “Tiens ! dans la grande famille des nouvelles technologies à l’interface entre le vivant et la machine, voici un nouveau venu !”. L’idée de base est de télécommander une libellule. Une… vraie ?! (“Non mais allô, quoi, t’es une libellule et tu voles pas où tu veux ?”). Les objectifs affichés par la société Draper, à l’origine du projet avec le Howard Hugues Medical Institute, sont la participation à des opérations de surveillance, le transport de charges légères et la pollinisation des cultures.
COMMENT
Bref, le fonctionnement du bidule volant s’appuie sur trois technologies distinctes :
1) la manipulation génétique : effectivement, la libellule asservie n’est pas simplement capturée dans la nature : elle est aussi “modifiée” : en modifiant son génome, on rend sensibles à la lumière les neurones responsables de l’activation des muscles des ailes ;
2) on fixe sur la libellule un dispositif qui va générer des flash lumineux à la demande (et à distance), actionnant les neurones “modifiés” et donc les ailes, faisant se déplacer la libellule là où on le souhaite ;
3) il faut une source d’énergie pour activer les flashs lumineux : on embarque donc des mini-panneaux solaires sur le dos de la libellule, qui produiront l’électricité nécessaire au fonctionnement de la partie électronique de la “libellule augmentée”.
Ce projet m’ayant intrigué, j’ai fait quelques recherches complémentaires et il s’avère que celui-ci n’est pas isolé : d’autres tentatives identiques sont d’ores et déjà dans les tuyaux. Notamment : un cafard piloté par impulsion électrique sur ses antennes (projet de la Darpa)2, un scarabé piloté en vol en implantant des électrodes sur son système nerveux3. Et sûrement bien d’autres encore ! (déjà dans les bacs ou à venir…).
Ces projets font intervenir de nombreuses connaissances dans des domaines très complexes et éclectiques : la physique du vol de l’insecte, le fonctionnement biomécanique en œuvre dans ce vol, le fonctionnement du système nerveux de l’insecte (quels neurones activer et quels signaux envoyer pour actionner les muscles désirés), la conception d’un matériel électronique embarqué miniature et autonome énergétiquement, et enfin, pour le projet de la libellule du moins, la programmation génétique. Rien que ça !! Impressionnant.
CE QU’ON PEUT EN FAIRE
Mais tout ça pour quoi, me direz-vous ? Eh bien, comme énoncé ci-dessus, des objectifs militaires principalement (surveillance, reconnaissance…), d’autres éventuellement industriels (transport de charges légères), mais aussi des trucs beaucoup plus cool (comme la pollinisation). On peut bien sûr imaginer plein d’autres choses encore (attaque coordonnée d’essaims de guêpes, étude de colonies d’insectes etc.) voire des opérations de plus grande envergure à terme, qui se passent de l’intervention humaine. On pourrait programmer des insectes (ou des nuées d’insectes) à réagir automatiquement de manière non-naturelle (c’est à dire comme on le souhaite, sans aucune limite autre que l’imagination du programmeur) à un évènement particulier, voir même à son environnement de manière générale. On voit donc qu’on pourrait continuer comme ça longtemps, à essayer d’énumérer de manière exhaustive toutes les possibilités offertes par ces nouvelles recherches, celles-ci étant pratiquement infinies. Le plus important dans cette histoire, d’après moi, c’est le proof of concept : on est désormais capable d’asservir mécaniquement un être vivant, de lui enlever son libre-arbitre ! Alors, d’accord, c’est des insectes. Et c’est déjà assez compliqué comme ça d’avoir une connaissance systématique de l’influence de leur environnement sur leur comportement, de leur fonctionnement biomécanique, neurologique et génétique. Néanmoins, on peut imaginer… pourrait-on à terme télécommander, je ne sais pas, moi… un lézard ? Une souris ? Un chat ? Aller, un homme ?
C’est sûrement pour dans longtemps, mais des humains sont certainement assez tordus pour essayer de développer ça un jour…
Oh, au fait, le stockage centralisé et l’étude statistique de toutes les informations sur votre vie privée4 et bio-médicale5, ça ne vous rappelle rien ?
Des spécimens qu’on pourrait bientôt croiser dans la rue…
Liviu Babitz – La Villette 06/2017 – L BEAUDONNET / 20 MINUTES
« Liviu Babitz a inventé le north sense, un implant accroché sur le torse qui permet de percevoir le nord par petites vibrations. Ce n’est pas un instrument pour l’orientation, mais un sens qui permet de percevoir le nord qu’on le veuille ou non, de la même manière qu’on ne décide pas d’entendre le monde qui nous entoure, ou qu’on ne retire pas ses yeux après avoir regardé un film. On ne choisit pas quand le north sense nous donne une information. Plus de 250 personnes se sont greffées ce nouveau sens et il s’apprête à en créer de nouveaux. ».
Notre avis : triste, comme tous les fantasmes transhumanistes. Mais essayons d’en rire : c’est petit et ça vibre, y’en a qui ont dû avoir l’idée de se le greffer ailleurs…
« Reconnaissant être « intrigué » par Neuralink et les nouvelle ambitions d’Elon Musk, un spécialiste de l’apprentissage automatique et biologique tempère toutefois les fantasmes de ceux qui imaginent déjà demain une humanité augmentée. « La piste de l’homme augmenté ne me semble pas crédible », analyse-t-il, essentiellement à cause de certaines limites physiques, notamment au niveau cérébral. »