Des berceuses aux chants militaires (Part 2)


Si vous souhaitez que notre robot lise cet article pour vous, cliquez sur le triangle play :

Salut les Neurohackers ! Nous avons vu précédemment une belle intro sur les pouvoirs de la musique. Voici la suite des applications !

Les applications sociales sont infinies : on retrouve bien sûr la musique dans les religions, où des textes doivent être retenus précisément, et où les rites font appels au « magique ». On sait d’ailleurs désormais que ce phénomène était déjà présent chez les hommes de Cro-Magnon ! Ils préféraient les cavernes ayant les meilleures propriétés acoustiques et on en a retrouvé dans la grotte du Portel (Ariège), un témoignage saisissant : deux points rouges ont été dessinés sur le plafond, et en se positionnant entre les deux, si l’on parle, l’écho de la grotte renvoie la voix de l’homme « transformée », « caverneuse », « comme si l’on communiquait avec l’esprit de la grotte » d’après la suggestion de Michel Dauvois.1 Les sons et en particulier la parole ont donc toujours été associés au divin.

 

On comprend encore l’intérêt de la fanfare militaire : elle génère une bulle de protection sonore, empêchant les sons de l’ennemi d’atteindre la troupe, et lui donnant donc confiance en elle ! De plus, quand on chante avec les autres, il y a une forme de « dissolution du sujet » dans la masse : il est acteur de son paysage sonore, mais ne distingue pas sa voix de celle des autres, s’il chante en rythme et juste. Et si c’est le cas, l’impression de puissance est d’ailleurs décuplée (phénomène physique de résonnance). On comprend donc qu’on peut générer un esprit de corps solide par ce moyen.

La notion de « paysage sonore » évoquée ci-dessus a été créée par Pierre Schaeffer (pionnier de la musique électronique). Elle permet de jeter un pont entre son et musique, par le biais de « l’ambiance sonore ». Si on a vu que la psychologie de l’homme est modelée par le son, on comprend que son environnement sonore le définit partiellement… C’est pourquoi la discipline de « l’archéologie sonore » se développe actuellement, essayant de comprendre, puis de reproduire les ambiances sonores du passé, et tentant ainsi d’obtenir des renseignements sur les hommes qui nous ont précédés. Mais on perçoit ici aussi le mal-être de notre société avec toute la problématique de la pollution sonore…1

Quand on voit tout ce que le son engendre en l’homme, on peut finalement se poser la question : le son est-il essentiel ? Eh bien, en fait, on constate que c’est quand même assez important pour se construire : on a vu dans la première partie de l’article (lien html) que le son relie l’individu au monde qui l’entoure, efface la barrière qui le sépare de celui-ci. Or sans surprise, on sait de nos jours, conséquence directe de cet état de fait, que la surdité a des conséquences sur le développement des capacités psychomotrices des enfants.2 Dans le même ordre d’idée, on notera encore l’usage de « l’oreille interne » dans la représentation de la posture verticale chez l’individu.

Et finalement, intéressant aussi : les laboratoires d’Orfield, à Minneapolis, ont créé, principalement pour la NASA, une « chambre sourde ». Ce lieu, dit « anéchoïque » (sans écho), absorbe 99,9% des sons. Et on s’aperçoit que rester plus de 45 minutes dans une telle chambre rend fou, car elle rompt l’équilibre entre les bruits corporels et les bruits extérieurs : l’homme n’est pas fait pour n’entendre que les battements de son propre cœur !3 il n’est pas seul dans l’univers, et entretient un lien intime avec le monde extérieur, un lien sonore.

C’est sur ces mots que s’achève cette deuxième partie d’article. Mais comme on dit toujours : jamais deux sans trois ! La suite et la fin au prochaine épisode.

Pour aller plus loin / Lien(s) utile(s)

♦ Livre “Musique, langage, émotion : Approche neuro-cognitive“, Régine Kolinsky, José Morais. Ed Broché, 17 mai 2010.

Notes

1■ Article “A la recherche des sons perdus” de 01net, 02/08/2017

2■ Site du Service de Soutien à l’Education Familiale et à la Scolarisation des Pupilles de l’Enseignement Public du Vaucluse

3■ Article sur les chambres sourdes

 
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Pour les animaux…


Les animaux sont intelligents, ils ont une conscience individuelle et une raison. Il est hors de question de faire de l’anthropomorphisme (mettre tout sur un pied d’égalité, comme les anti-spécistes fanatiques), mais il est bon de rappeler que les animaux sont des êtres sensibles qui méritent le respect.

Voici les travaux d’une chercheuse à propos de l’intelligence animal. Irène Maxine Pepperberg est une neurochimiste américaine de l’université de Brandeis à Waltham, connue pour ses travaux sur l’intelligence animale (11min, 2015).

Et une autre vidéo plus amusante, mais tout aussi révélatrice :

Dans le genre beaucoup moins amusant, voire difficile à regarder pour les âmes sensibles, ce très bon montage de 27min sur la maltraitance animale :

L’auteur a d’ailleurs reçu des insultes de vegans hystériques, malgré tout le mal qu’il s’est donné à défendre la cause animale. Il répond ici :

Merci de partager cet article afin d’ouvrir les yeux du plus grand nombre !

Pour finir sur une touche un peu plus gaie, si vous avez un CHIEN (ou un CHAT) et qu’il vous donne du fil à retordre, nous parrainons ces deux formations vidéo claires et complètes :



Allez y jeter un œil en cliquant ici (CHIEN) ou là (CHAT) ou sur les images.

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Art et Humour

 

Juste un petit mot pour vous signaler qu’on commence à avoir des pages pinterest avec des centaines de posts : psycho, machine, marketing… mais aussi sur l’art-illusion (2D-3D) et sur l’humour-ironie.

Alors pensez à aller savourer :

Art  –  Humour  –  Toutes les catégories

De plus nous avons une page Facebook récréative avec de nombreuses vidéos virales et d’humour animal (lolcats…) ici. Parce qu’il n’y a pas que le boulot  😉

 

 

 

Vive le sommeil !

 

 

J’ai lu récemment un article sur le manque de sommeil et ses conséquences. Et il se trouve que c’est beaucoup plus dévastateur que je ne le pensais !

L’article est tiré du journal The Guardian et consiste en une interview de Matthew Walker, neuroscientifique et directeur du « Center for Human Sleep Science » à l’Université Berkeley.

Si vous dormez moins de sept heures par jour (on recommande huit heures de sommeil quotidien), vous souffrez de manque de sommeil, ce qui augmente votre risque de développer un cancer, une crise cardiaque, une maladie d’Alzheimer, ou encore de faire du diabète, de l’obésité, et diminue votre santé mentale. En fait, les recherches de Matthew Walker montrent que « il n’y a aucun aspect de notre vie qui ne soit pas impacté par le manque de sommeil ». Il apparaît, entre autres, qu’il existe des relations entre le manque de sommeil et le développement de certains sous-types de démence, qu’après une seule nuit passée à dormir seulement quatre ou cinq heures. Le lendemain, notre production quotidienne de lymphocytes T (éléments clefs de notre système immunitaire et chargés de détruire les cellules cancéreuses ainsi que les agents externes toxiques), chute de 70% ! D’autres effets du manque de sommeil sont le manque de créativité, puisque le sommeil profond (état dans lequel on rêve) est en lien direct avec cette capacité, et, le sommeil nous aidant à surmonter les chocs psychologiques (on est mieux disposé le lendemain envers ce qui s’est passé la veille, grâce au sommeil), le manque de sommeil nous rend psychologiquement vulnérable.

Malheureusement, d’après Matthew Walker, « Nous sommes au milieu d’une « épidémie catastrophique de manque de sommeil », dont les conséquences sont bien plus graves que ce que l’on peut imaginer. » Il a beaucoup réfléchi sur ce sujet, et ses observations l’ont amené à comprendre que le manque de sommeil est dû à notre environnement et à la philosophie de notre civilisation. En 1942, seulement 8 % de la population essayait de vivre avec six heures de sommeil par nuit ou moins, quand, en 2017, la moitié de la population agit de cette manière. Les causes sont la pollution lumineuse, qui dégrade dramatiquement la qualité du sommeil, le fait que nous ne souhaitions pas passer moins de temps au travail ou en famille et avec nos amis, qu’on a peur d’être pris pour des fainéants si l’on avoue que l’on est fatigué et qu’on a besoin d’aller se coucher, et que les gens sont de nos jours plus isolés, dépressifs, qu’ils boivent plus d’alcool et de caféine que dans le passé. Selon Walker, « Les hommes sont la seule espèce qui se prive délibérément de sommeil sans raison apparente ». Et comme personne, d’après ses recherches, ne peut survivre avec seulement cinq heures de sommeil par nuit sans générer de déficience personnelle (ou un adulte ne dormant que 6h45min par nuit ne pourra pas vivre au-delà de 60 ans sans intervention chirurgicale), logiquement, on observe que le manque de sommeil coûte au Royaume-Uni 30 millions £ par an, soit 2 % de son PIB.

Les conseils de Matthew Walker pour bien dormir :
– se coucher et se lever tous les jours à la même heure (mettre une alarme 30min avant de se coucher pour ne pas laisser passer l’heure !)
– dormir dans une pièce bien sombre
– ne pas avoir de smartphone ou d’ordi dans la chambre dans laquelle on se couche
– résister aux injonctions de la société de dormir moins (il a noté deux exemples plutôt significatifs : Ronald Reagan, comme Margaret Thatcher, se sont ouvertement vantés de n’avoir besoin que de peu de sommeil ; ils ont tous les deux développé une maladie d’Alzheimer).
Aller, faites de beaux rêves !

Aller plus loin…

Suite à une photo compromettante

Axelle perd son contrat avec L’Oréal, ou comment les réseaux bigdata vous rattrapent !

Les cas de ce genre se répètent souvent. Nous ne pouvons pas tous les répertorier ici, mais nous en avons choisi un qui est un peu ancien exprès (ce qui vous laisse imaginer ce que ça peut donner maintenant avec l’augmentation du public), pour vous rappeler que tout ce que vous publiez sur vos réseaux restent sur internet (et ce, même si vous l’effacez).

Axelle Despiegelaere, étudiante de 17 ans, avait décroché un contrat avec L’Oréal Professionnel pour réaliser des tutoriels beauté en vidéo.

Problème entre-temps : une photo publiée par Axelle sur sa page Facebook, tout sourire, posant à côté du cadavre d’un oryx, le fusil contre son épaule. La légende accompagnant le cliché disait : « Chasser n’est pas seulement une question de vie ou de mort. C’est plus que ça… C’était il y a un an, aujourd’hui, je suis prête à chasser des Américains, hahaha ». La jeune femme avait posté cette image juste avant la rencontre Belgique-États-Unis.

Elle a depuis effacé l’image en question et supprimé sa page Facebook.

Les internautes se sont vivement indignés sur les réseaux sociaux suite à la publication de cette photographie. Axelle a tenté de calmer le jeu en déclarant « Je ne voulais pas offenser qui que ce soit… c’était une blague. Merci pour votre compréhension. » Trop tard: L’Oréal Professionnel Belgique a immédiatement réagi en déclarant au journal «The Independent» que la vidéo réalisée avec Axelle serait la première et la dernière.

Lire l’article d’origine ici.

 

Un algorithme a gagné un tournoi de poker…

 

Les conséquences pour l’humanité sont colossales… dit le journal l’express.

 

Un groupe composé de certains des meilleurs joueurs de poker du monde n’est pas parvenu à battre un robot lors d’un tournoi marathon de 20 jours. Le programme d’intelligence artificielle (IA) Libratus développé par l’Université Carnegie Mellon qui a participé au marathon de poker « Heads Up (1 vs. 1) No-Limit Texas Hold’em’ » contre 4 de ces champions de poker, a remporté 1 766 250 dollars.

Ce n’est pas la première fois que l’élite mondiale d’un jeu particulier est battue par une IA. Un ordinateur IBM a vaincu le maître d’échecs Garry Kasparov il y a déjà 20 ans, tandis qu’AlphaGo, développé par la filiale de Google, DeepMind, a remporté 4 parties de Go contre le meilleur joueur de go du monde, l’année dernière.

Mais cette victoire au poker marque un nouveau jalon, car ce jeu de cartes est plus complexe que d’autres jeux comme les échecs ou jeu de société Go, car on ne peut pas voir le jeu des adversaires, ce qui signifie que l’on ne dispose pas de toutes les informations (ce que l’on qualifie de situation d’information imparfaite).

Et voici ce qui pourra en découler :

L’ordinateur peut nous tromper !

« On peut imaginer que cette technologie pourrait déjouer les marchés financiers, surpasser les chercheurs humains en matière d’inventions, manipuler les dirigeants humains, et développer des armes que nous ne pouvons même pas comprendre ».

De plus, le patron de Tresla, Elon Musk a fait part à plusieurs reprises de ses inquiétudes concernant le développement de l’IA, qu’il juge « plus dangereux que les armes nucléaires », et  il a déclaré qu’il s’agissait de “la plus grande menace existentielle”.

Lire l’article entier sur le site d’origine.

Aller plus loin :

 

Revenir d’un état végétatif à un état de conscience bientôt possible ?

 

Un patient en état végétatif depuis une quinzaine d’années a été ramené à un état de conscience minimal au moyen d’une stimulation cérébrale par une équipe de chercheurs français…

Le patient est passé d’un état végétatif à un « état de conscience minimal », sur la base d’examens d’imagerie cérébrale qui ont montré des améliorations dans les zones du cerveau impliquées dans le mouvement, la sensation et la conscience. « Il y a quelques années, une étude portant sur la stimulation cérébrale avait donné des résultats similaires, se souvient le Pr Philippe Damier, neurologue au CHU de Nantes et auteur de Neuroleadership * (éd. Odile Jacob), à paraître ce mercredi. Mais le mode de stimulation utilisé, alors sur le thalamus, était beaucoup plus invasif. Ici, la technique de stimulation du nerf vague est techniquement plus simple et montre sa capacité à créer un certain degré d’éveil chez le patient. »

Mais l’état végétatif, qu’est-ce au juste ? Coma, état végétatif, mort cérébrale : ces états peuvent sembler similaires mais sont bien différents les uns des autres. « Le coma profond est un trouble de la conscience, indique le Pr Damier. Dans ce cas, le patient ne va pas réagir aux sollicitations verbales ou douloureuses. Selon la cause, il va y avoir une certaine préservation des centres vitaux du patient qui, s’il ne répond pas aux sollicitations, conserve ses fonctions vitales (son cœur bat et il respire spontanément) : il est alors en état végétatif, expose le neurologue. L’état de conscience minimal est le stade au-dessus : le patient réagit à certains stimuli, il peut suivre un objet du regard, ou être ému par une chanson ou une voix familière. »


Article complet : 20min

Les données perso des écoliers français vont-elles échapper à Google ?

 

 

Une «note interne» diffusée en mai ouvrait la possibilité aux entreprises du numérique de collecter des données scolaires. Le ministre de l’Education compte revoir la politique en la matière.

Rappel des faits : le 12 mai dernier, Matthieu Jeandron, délégué au numérique éducatif, adresse une lettre aux délégués académiques du numérique. Dans ce courrier, révélé par le Café pédagogique, il explique qu’il n’y a pas « de réserve générale sur l’usage des outils liés aux environnements professionnels chez les grands fournisseurs de service du web ». Un peu plus loin, il indique qu’il ne voit pas de « blocage juridique de principe à la connexion d’un annuaire avec l’un de ses services ».

En clair, cela signifie que Google, Facebook, et autres entreprises du numérique auraient pu collecter des listes d’élèves avec leurs noms, leurs classes, voire même leurs notes dans le cadre de travaux effectués en ligne. Ces données peuvent rapporter de l’argent : par exemple, on peut imaginer que Google, ayant connaissance des difficultés d’un élève, lui « propose » des publicités ciblées sur les cours en ligne…

Lire l’article complet sur 20min

 

Des berceuses aux chants militaires – Les grands pouvoirs de la musique

QUOI

Une petite musique pour bien dormir ? Un petit chant entraînant pour se donner du cœur au ventre ? Psalmodier un texte pour mieux le retenir ? Ca marche !

 

La musique influe sur un certain nombre de facteurs cérébraux et, de ce fait, joue un rôle important dans l’apprentissage, les relations humaines, la perception du monde et la mémorisation.

POURQUOI

La lumière a de tout temps été associée à la vérité (d’où des expressions comme “faire la lumière sur”, ou “le siècle des Lumières” qui désigne la première tentative humaine d’envergure de connaissance rationnelle du monde).

 

Et, pour les mêmes raisons, le sens de la vue est associé au savoir : on comprend instantanément d’où provient l’image que l’on a devant soi, et si un obstacle nous empêche de voir quelque chose, on visualise au moins l’obstacle : on sait que quelque chose peut se cacher derrière.

A l’inverse, l’ouïe a un caractère un peu magique : le son se développe dans l’espace, indépendamment des barrières physiques qu’il peut rencontrer. S’il est facile de masquer une image, il est plus difficile d’étouffer un son. Et, dans l’autre sens, il est souvent difficile de déterminer l’origine d’un son que l’on perçoit. Et encore, si l’on peut fermer les yeux, on ne peut fermer ses oreilles. De ce fait, le sens de l’ouïe efface la barrière entre l’individu et le monde qui l’entoure. Les sons l’atteignent directement et modifient sa personne, sa structure psychologique profonde. Ils nous mettent en rapport avec l’Inconnu. De ce fait, la musique joue un rôle très important sur le fonctionnement du cerveau et dans le développement humain.

COMMENT

La mémorisation musicale utilise des zones du cerveau différentes de la mémorisation linguistique. Elle utilise principalement deux types de mémoires distincts : la mémoire sémantique, qui permet d’identifier un air ou de le siffler, et la mémoire épisodique, qui permet de le remettre dans le contexte dans lequel on l’a déjà entendu, de faire revenir les événements et les émotions qu’on associe à cet air musical ou à ce son.1

On sait de plus que l’ouïe se développe très précocement, déjà dans le ventre de la mère : le bébé entend alors fonctionner le système physiologique de son hôte. On voit donc que le système auditif est plus primitif que le système visuel et que, comme dit plus haut, il est associé à une phase de développement où le sujet n’est pas encore « individué ». Et comme la mémoire du son est toujours contextualisée, écouter des sons passés nous « remet dans le contexte de l’époque » et nous fait revivre les émotions du passé. Dit autrement : on peut « fixer » des émotions sur une musique ! 1

ON PEUT EN FAIRE QUOI

Quoi ? Beaucoup de chose, bien sûr, avec un outil pareil !

On peut par exemple l’utiliser pour mieux mémoriser un texte en le mettant en chanson (« Et c’est tellement, plus mignon, de se faire traiter de con, en chanson ! »).

 

La mémoire sémantique nous fait connaître l’air, donc la note qui va venir, et la mémoire épisodique va nous rappeler le mot qui doit venir avec la prochaine note. C’est d’ailleurs pour ça qu’il existe autant de musiques populaires : la musique est un vecteur culturel d’une incroyable qualité.

Mais on peut aussi aider son bébé à s’endormir en lui chantant une berceuse : très vite, il l’associera à la présence de sa mère : son odeur, son contact, sa voix, la tétée… Et le simple chant le replongera à l’avenir dans cette ambiance confortable. Elle a d’ailleurs le pouvoir de calmer aussi le parent qui la chante en le renvoyant dans sa propre enfance ! C’est d’ailleurs sûrement pour cela que certaines berceuses ont traversé les âges, de génération en génération… Et elle est si puissante qu’un programme de musicothérapie, axé sur les berceuses, a été développé au Canada pour sécuriser les enfants présentant un trouble de l’attachement. 1

Les applications sociales sont ensuite infinies : à lire dans notre prochain article !

 

Pour aller plus loin / Lien(s) utile(s)



Notes

1■ Article musique et cerveau, mai 2017

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Construire son faux souvenir


QUOI

On peut faire se souvenir quelqu’un de quelque chose qu’il n’a pas vécu.

POURQUOI

Nous avons vu dans un autre article que l’on arrive à implanter physiquement un faux souvenir dans des cerveaux de souris1. Mais il est aussi possible de suggérer un faux souvenir suffisamment bien pour que le sujet croit avoir vécu ce qu’on lui raconte et soit même capable de se souvenir de détails qu’on ne lui a même pas suggéré.

COMMENT

Vous savez, avec un peu de persuasion, vous êtes déjà sûrement arrivé à faire croire à votre collègue Michel que Jean ne reviendrait plus bosser parce qu’il avait décidé de monter une laiterie avec une vieille connaissance, les locaux se situant à 500km du bureau. Et Jean, lorsqu’il est revenu au bureau une semaine plus tard, n’a donc pas compris pourquoi Michel lui a demandé ce qui n’avait pas marché avec la laiterie… Et tout le bureau s’est bien marré.

Eh bien, dans le même ordre d’idée, des chercheurs ont réussi à faire croire à des sujets d’expériences qu’ils avaient vécu certaines choses… qu’ils n’ont en fait pas vécu !

Au cours d’une expérience, Stephen Lindsay et son équipe sont arrivés à faire croire à 50 % des sujets qu’ils ont testé qu’ils avaient effectué un vol en montgolfière dans leur jeunesse, ce qui était faux, en leur présentant des photographies truquées2.

Pour que la greffe ait une chance de prendre, trois facteurs doivent être respectés : le souvenir doit être plausible, le sujet doit s’en construire une représentation mentale et le souvenir ne doit pas sembler être produit par un état second au moment de sa construction, mais bien par la remontée d’une information fiable3.

D’autres facteurs sont facilitateurs, par exemple l’implication émotionnelle du sujet dans le faux souvenir. Si le faux souvenir ne fait pas intervenir d’émotion particulière, il a peu de chances d’être retenu par le sujet. En revanche, s’il fait appel à des émotions chez le sujet, il a plus de chances d’être accepté par celui-ci, et, en particulier, si les émotions appelées par le souvenir sont négatives, le faux souvenir sera assez précis.

En 2008, Stephen Porter et son équipe font une expérience mettant ce phénomène en lumière4 : ils incitent un groupe de sujets à se souvenir d’évènements publics du passé, dont certains sont faux. La conclusion de l’étude est que les faux évènements positifs ou négatifs sont plus facilement acceptés que ceux n’ayant pas de « couleur émotionnelle » particulière, et que ceux ayant une connotation négative génèrent des faux souvenirs plus précis chez les sujets que ceux ayant une connotation positive. La théorie de Stephen Porter pour expliquer ce phénomène est évolutionniste : d’après lui, il est crucial pour la survie de se souvenir des évènements négatifs, qu’on les ait vécus ou qu’ils nous aient été rapportés par une source fiable. De ce fait, le cerveau est plus enclin à produire des faux souvenirs précis pour des évènements de cette nature5.

CE QU’ON PEUT EN FAIRE

La conclusion de tout cela, c’est qu’il faut se méfier de ses propres mauvais souvenirs : ce sont effectivement les moins fiables, puisque ce sont ceux que nous sommes les plus à même de nous fabriquer, si les circonstances sont réunies ! Et il faut être conscient que, forcément, nos souvenirs influant sur notre lecture du présent, il faut s’interroger sur les raisons qui nous poussent à percevoir comme « viscéralement négatifs » les évènements de notre quotidien et, de manière plus générale, de l’actualité… En espérant que cet article vous laisse un souvenir durable, à la prochaine !

 

Pour aller plus loin / Lien(s) utile(s)

Notes

 1■ Article « Des faux souvenirs dans votre cerveau »

2■ Lindsay, Ha gen, Read, Wayde, Garry, « True photographs and false memories », Psychological science, vol.15, n°3, 2004

3■ Site https://www.scienceshumaines.com/faux-souvenirs-le-poids-de-l-emotion_fr_27500.html

4■ Porter, S., Taylor, K., & ten Brinke, « Memory for media : Investigation of false memories for negatively and positively charged public events », Memory, vol.16, n°6, 2008

5■ Site PsychoTémoins, de l’Inist (CNRS), sur la recherche sur les témoignages en justice

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